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Retour sur la page d'accueil du blogPublié le Wed 03 Dec 2014

Intelligence artificielle : la menace robots

Les robots plus intelligents que les humains ?

Définir l'intelligence et les robots

Tout d'abord, il est important de noter que la notion d'"intelligence" n'est pas actuellement définie scientifiquement. Les psychologues se sont cassé les dents sur cette question, en créant la plupart du temps des simplifications pour aborder le problème, le plus célèbre d'entre eux étant probablement le test du QI. Aucun test ne mesure en réalité l'"intelligence", mais plutôt des capacités cognitives dans un contexte donné. La nécessité d'intégrer également les dimensions sociales dans l'"intelligence" humaine a ensuite été évoquée par les psychologues. Là encore, nous retrouvons différentes conceptions de l'intelligence socio-cognitive : de la capacité à se représenter les atouts des autres personnes jusqu'à celle de prendre en compte les émotions d'autrui, voire développer une empathie.

Définir un robot est plus aisé : il s'agit d'une machine qui peut prendre des décisions, en autonomie, selon le contexte environnemental, et engager une série d'actions visant à atteindre un but. Le robot, en théorie, se passe de l'être humain pour analyser la situation et agir. La capacité à percevoir l'environnement, à le définir précisément, et à engager des actions appropriées constitue la "cognition" du robot.

La méta-cognition absente du robot

Il est utile de rappeler ici le contraste de Norbert : contrairement aux humains, les robots sont déconnectés du monde réel. La connexion avec le réel se fait par le biais d'algorithmes plus ou moins sophistiqués, qui permettent aux robots de prendre des décisions en autonomie. Relevons déjà que l'autonomie du robot est relative, dans le sens où c'est une équipe de développeurs humains qui lui imposent des algorithmes informatiques. Une réelle autonomie suppose la possibilité pour le robot de se reprogrammer. De plus, cela implique une méta-cognition du robot, c'est-à-dire de réfléchir à sa propre cognition, à son propre fonctionnement, pour engager des actions correctives. Il est strictement impossible d'intégrer une méta-cognition en informatique ! Les robots sont plus performants, par rapport à ce qu'il se faisait il y a dix ans, parce que leurs algorithmes arrivent à saisir davantage de données venant de l'environnement, notamment grâce au concept de système complexe et à la notion d'"émergence" des situations. Pour autant, leur perception du monde reste toujours partielle. Actuellement, il n'y a pas de situations de travail où un système entièrement robotisé tient plus de 30 minutes sans l'intervention d'un être humain ! En réalité, même dans des environnements très contraints, la variabilité des évènements fait que l'être humain est indispensable pour assurer le fonctionnement du système de travail. Que l'intervention humaine soit limitée n'est pas le débat : sans elle le système craque.

Les mensonges de l'intelligence artificielle

La poussée des menteurs qui font croire que les robots seront plus intelligents que l'être humain est stupéfiante. En s'abritant sous le terme "intelligence", ils prolifèrent plusieurs monstruosités qui sont facilement dénoncées :

  1. L' "intelligence" ne peut être définie scientifiquement.
  2. Parler d'"intelligence" pour les humains et les robots suppose que leur fonctionnement est comparable. Ce qui est une abomination scientifique.
  3. Pourtant, des ingénieurs et des psychologues (!) s'appuient encore sur des modèles de traitement de l'information, qui postulent justement que l'être humain est semblable à un ordinateur dans ses composantes cognitives (notamment au niveau de la mémoire).
  4. Le robot ne pourra concurrencer l'homme qu'à partir du moment où il sera capable de méta-cognition. Ce n'est pas demain la veille...

Personnellement, je m'interroge toujours sur l'utilité de décrire comme "intelligente" (maquillée ou non avec le qualificatif "artificielle") une machine. Pourquoi ne dit-on pas simplement qu'elle a un fonctionnement élaboré, sophistiqué ? Pourquoi absolument rattacher des traits humains aux robots, qui ne sont que des outils fabriqués par les humains ? Plusieurs hypothèses, qui renvoient au délire de toute-puissance - puisqu'il s'agit bien de cela dans la création fantasmée d'une intelligence supérieure - peuvent être formulées.

Enfin, dire que l'intelligence des robots ne pourra pas dépasser celle des humains ne signifie pas que l'introduction croissante des robots dans le monde du travail n'a aucune incidence. Cela fera l'objet d'un autre billet, sur les conséquences de la robotique sur la nature du travail et sur l'emploi.

Les commentaires sur l'article

gérard, le Tue 09 Feb à 15h04

les cas des nouveaux robots collaboratifs qui partagent un même espace de travail, en réalisant des travaux avec les opérateurs, outre les risques physiques, peuvent présenter des risques psychologiques peu investigués , liés à l’interaction homme-machine : sentiments de dépendance, de perte d’autonomie et d’identité, excès de charge mentale …), anxiété liée à l’évitement et à l’appréhension des contacts répétés avec le robot..
source : La prévention des risques de la robotisation industrielle : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=546

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