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Retour sur la page d'accueil du blogPublié le mar. 5 janvier 2016

Interface

Qu'est-ce qu'une interface ?

Une interface marque une frontière, une limite entre deux éléments. Elle prend en charge les fonctions d'échange entre ces deux éléments. Poser une interface suppose donc deux choses : (1) les éléments considérés sont distincts et (2) ils échangent entre eux.

L'existence d'une interface implique donc l'existence de deux systèmes. Ces derniers peuvent être de nature différente : un être humain, une organisation, un outil technique. Une interface peut être purement technique, c'est-à-dire se placer entre deux outils techniques. En informatique, il est par exemple fréquent de devoir créer une interface entre deux logiciels, ou entre un logiciel et une base de données. Le fonctionnement des ces interfaces est alors automatisé.

Il existe aussi des interfaces entre des organisations. Un camion d'une entreprise de transport qui dépose sa cargaison dans des entrepôts tenus par une autre entreprise a besoin d'une interface, d'un ensemble de règles de fonctionnement qui assure la prise en charge et le relais.

L'ergonomie IHM : le choix de l'interface graphique

L'ergonomie des « interfaces homme-machine » se focalise sur un seul type d'interface : celle entre l'être humain et la machine. Le plus souvent, cette interface prend une forme graphique. En informatique, elle est composée d'éléments graphiques, les « widgets » : labels, menus, boutons, cases à cocher… Chaque élément est associé à une ou plusieurs fonctions (ou enchaînement de fonctions), produisant ainsi un évènement.

L'ergonomie IHM a permis, dans le domaine logiciel, d'avancer sur les questions de la perception et de l'affordance. Soit respectivement, la façon dont les utilisateurs pouvaient détecter les éléments graphiques et la façon dont ils inféraient les fonctions sur ces éléments. Les progrès ont été remarquables sur ces deux points.

Il n'en est pas de même sur l'aspect fonctionnel, si bien que nous avons aujourd'hui sur le marché des logiciels irréprochables au niveau graphique, mais inaptes à assurer les fonctions pour lesquelles ils ont été conçus. La raison est simple : l'IHM est une réduction de la complexité du travail, puisqu'elle prétend que le problème est avant tout sur la confrontation « homme » et « machine », alors même que toutes les interfaces ne sont pas « homme-machine ».

IHM : un postulat sur le découpage du système de travail

En effet, le terme « IHM » postule que l'homme et la machine peuvent être compris séparément, qu'ils constituent en eux-mêmes des systèmes. Il s'agit d'une sur-décomposition, qui prétend qu'en partant des propriétés de l'humain et des propriétés de la machine, nous pouvons en déduire l'activité. Cette vision s'est avérée très limitée, car elle évacue la notion de « variabilité » dans la performance au travail d'une part, et empêche d'analyser la fonction tenue par le couplage homme-machine dans le système d'autre part.

Il est intéressant de noter que, dans le domaine professionnel, les utilisateurs font peu de cas du travail graphique sur l'interface. Contrairement aux interfaces qui ont une visibilité sur le grand public, qui engage alors l'image de la société, comme un site web, les interfaces internes sont souvent très sommaires graphiquement.

Le plus fascinant n'est pas tant le manque de soin graphique, mais le fait que ce type d'interface n'entraîne pas de rupture de système dans le travail, c'est-à-dire une incapacité pour les opérateurs à mener leur travail correctement. Nous pouvons l'expliquer en ayant une approche fonctionnaliste du travail, en considérant l'homme et l'interface informatisée ensemble : à partir du moment où les fonctions requises pour le travail sont assurées par ce couplage, c'est seulement la variabilité de la demande qui peut mettre en difficulté le système. Le besoin d'une amélioration logicielle, voire d'un changement complet du logiciel, se fait sentir lorsque les demandes mettent à mal le couplage, c'est-à-dire lorsque l'opérateur humain doit prendre en charge de façon inéquitable la variabilité du travail, le mettant en difficulté dans d'autres tâches, tel un effet domino.

Les solutions de l'approche fonctionnaliste

L'approche fonctionnaliste ouvre de nouvelles perspectives pour l'ergonomie logicielle, mais nécessite tout de même une adaptation des acteurs en informatique. En effet, le marché est généralement découpé entre les acheteurs, grandes entreprises et institutions publiques, et les concepteurs, SSII de taille variable. Les concepteurs n'ont souvent pas facilement accès au terrain, et dépendent ainsi complètement d'un cahier des charges dont la précision est douteuse.

L'ergonome en informatique devrait donc intervenir sur les deux niveaux :

  1. Aider les clients à formuler des exigences sur les besoins logiciels. Cela nécessite au préalable d'avoir compris l'ensemble fonctionnel requis et la place de la jointure homme-machine dans l'économie du système de travail.
  2. Soutenir les concepteurs de l'interface, c'est-à-dire le prestataire en charge de développer l'outil informatique. L'ergonome devient donc lui-même une sorte d'interface entre le client et le prestataire.

Voir aussi...

IHM vs Système complexe : le cas d'un lave-vaisselle

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Intelligence artificielle : la menace robots

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