Les bonnes cartes
L’idée générale du tri de cartes est de recueillir une représentation mentale du logiciel ou site web de la part de l’utilisateur. Les données obtenues permettent alors de réduire l’écart entre le fonctionnement du système et celui attendu par l’utilisateur.
Sur chaque est inscrite une appellation se référant à un contenu du système évalué. Le déroulement du tri par cartes se fait en trois phases :
1/ L’ergonome présente au testeur l’ensemble des cartes. Le testeur peut demander des précisions sur les termes employés et les modifier s’il juge l’appellation inadaptée ;
2/ L’ergonome demande au testeur de regrouper les cartes qui lui semblent de la même catégorie, sans nécessité de classer toutes les cartes ;
3/ L’ergonome invite enfin le testeur à nommer les groupes qu’il vient de créer.
Le tri de cartes ne se limite pas à la création de catégories : l’ergonome doit aussi faire verbaliser le testeur pour comprendre son raisonnement lors de la création des groupes. Cela nécessite des compétences certaines en psychologie, pour mener l’entretien semi-directif. Les données issues de la verbalisation du testeur sont à considérées au même titre que les résultats de la formation des groupes de cartes qui, eux, n’apportent aucune indication sur le cheminement de l’utilisateur.
Certains ergonomes considèrent qu’il faut au minimum 30 testeurs pour obtenir des résultats fiables. A moins que le client demande des tests statistiques pour grands échantillons, il n’y a aucune raison valable de faire un tri de cartes de cette envergure. Les tendances apparaissent très clairement dès 10 testeurs et les données les plus intéressantes sont d’ordre qualitatif. De plus, l’avantage de cette technique est d’être peu coûteuse au niveau matériel. Faire passer 30 testeurs présente au bas mot une centaine d’heures de travail, rien que pour la passation : l’argument du coût ne tient plus.
Cette technique présente tout de même de nombreux points faibles :
- Dans la construction des cartes, le choix des termes pour les appellations va fortement influencer les regroupements effectués par le testeur ;
- Il est impossible de proposer une soixantaine de cartes au testeur, même en lui payant une aspirine. Le choix de certaines cartes au détriment d’autres, pour les systèmes complexes, a donc un côté arbitraire ;
- Les testeurs, lorsqu’ils connaissent le système évalué, ont tendance à reproduire l’arborescence existante ;
- Quelques testeurs peuvent interpréter la consigne initiale comme incitant à construire la nouvelle interface, à l’instar d’une activité de maquettage.
Conclusion
Ainsi, cette technique me semble pertinente dans un projet de refonte d’une interface existante, lorsqu’un premier diagnostic fait ressortir des problèmes de compréhension de la terminologie et de navigation. Pour une création complète d’une interface, il est très difficile pour l’ergonome de choisir les terminologies présentes sur les cartes, sans être influencé par sa propre représentation de la future interface. Les résultats d’un tri de cartes doivent toujours être interrogés par l’ergonome, au vu des entretiens réalisés en parallèle. Ils devront être discutés avec l’ensemble de l’équipe technique sur le projet. Le tri de cartes indique des tendances pour l’arborescence de l’IHM, mais ses résultats n’ont pas lieu d’être repris à la lettre pour construire la structure de l’interface.
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