Les appareils intelligents
Depuis quelques années, les constructeurs s’escriment à produire des appareils « intelligents », dans à peu près tous les domaines. Nous observons, lors des différents salons de présentation en électroménager tels que le célèbre CES de Las Vegas, des machines proposant toujours plus de fonctions, essayant de se démarquer absolument de l’offre des concurrents. Pourtant, il est notable que les ventes des produits ultrasophistiqués ne décollent pas. Un des critères déterminant est le prix des options supplémentaires. L’autre, au moins aussi important, est un problème de perception de l’utilité des ces options par les utilisateurs.
Il est amusant de constater l’énergie déployée par certains constructeurs pour modifier coûte que coûte les usages de certains objets. Ainsi, des réfrigérateurs avec une connexion WiFi sont sur le marché, permettant de lire des e-mails tout en se beurrant une tartine. Deux obstacles se posent tout de suite pour ces machines. D’une part les fonctionnalités qu’elles proposent sont souvent assurées par d’autres machines. Je lis très bien mes e-mails sur mon ordinateur, et je peux aussi les archiver, les supprimer… effectuer un ensemble de tâches de gestion que mon réfrigérateur aura du mal à assumer. D’autre part, les fonctionnalités sont pour la plupart déconnectées des représentations communes que les utilisateurs se font de l’outil. Qui va penser à se diriger vers son grille-pain pour surfer sur le web ?
De la mono-tâche vers une pluralité de tâches contextuelles
Pour que les ventes de ces OVNI de l’électroménager décollent, il faudrait donc une modification en profondeur de la représentation de leurs fonctionnalités. Des tentatives beaucoup moins osées ont échoué dans le domaine multimédia comme le PC au centre du salon ou la télévision qui navigue sur Internet.
L’élément primordial dans la conception d’une machine est de déterminer les tâches pour lesquelles elle va pouvoir répondre. Si aller sur Internet avec un frigo est idiot, concevoir une application qui répercute les dates de péremption des aliments qui s’y trouvent répond à un éventuel besoin. Nous avons alors des machines qui évoluent de la tâche simple à une tâche plus complexe, plus contextuelle. Pour reprendre l’exemple du réfrigérateur, on lui demandera bien sûr de garder froid les aliments, mais aussi, pourquoi pas, d’aider à la conception des plats (mémorisation de recettes, inventaire d’aliments…).
La difficulté des constructeurs va être d’identifier les besoins d’accès à des informations pour remplir la pluralité de tâches pour lesquelles l’outil est sollicité. Nous ne sommes pas encore rentrés dans l’ère des robots multitâches parce que, justement, les tâches ne sont pas suffisamment décrites pour proposer des outils « intelligents » aux consommateurs. Il est nécessaire d’aller plus loin dans la description du contexte d’utilisation, du type d’informations demandé, de la façon de manipuler ces informations…